1- Ce que tu vois... (2019-2020)
2- Vitesse (2012)
1- Ce que tu vois... (50 photos recomposées)
Des sous-bois, des bonbonnes de gaz dont les reflets de lumière sont transformés en couleurs, en inversé ombre-lumière, des arbres à l’allure de totems colorés, des terres labourées futuristes, des cascades japonisantes ou des couchers de soleil bleus et rose. À chaque cliché, le rendu de la forme est le même mais le contenu est transformé. On voit les lignes, les contours, des contrastes, des mouvements mais la chose photographiée a presque disparu. On voit alors une autre chose, ou d’autres choses.
Texte (extraits) : Catherine Lamagat
Projet d'expositions en 2021
Ce que tu vois n’est pas ce que tu vois.
Tu crois travailler la couleur mais c’est elle qui te travaille, t’apprivoise, façonne la pensée.
Et si ce que tu voyais n’était pas ça, pas ça que nous voyons et que toi tu ne vois pas, ou autrement ?
Et si tes yeux depuis toujours s’étaient perdus, révoltés, épris d’une couleur qui n’est pas celle que je vois moi.
Et si ton monde était inventé, comment le saurais-tu puisque chacun,
nous croyons voir, entendre et nous comprendre.
Les formes sont-elles celles qu’on t’a apprises ? Tu doutes. Tu regardes l’image et tu ne sais pas.
Ton monde dit des choses que l’autre ne dit pas. Ton monde est déroutant.
Ton monde dit des choses sur l’autre monde et ça, ça t’intéresse.
2-Vitesse (photos, poème)
Photos prises dans la vitesse du train. Ce procédé fixe l’image de façon étonnante, intensifie les couleurs, courbe les verticales et crée une impression de matière. Le poème interroge la vitesse et le moment présent.
Texte (extrait) : Catherine Lamagat
Vitesse a donné naissance à un livre artistique (voir à la suite des photos)
Je touche au paysage -
cet arbre tout près des voies, la pluie la neige qui scintillent, la brume, un lac au loin.
Je touche la vitre et je suis là, assise dans l’immobile vitesse de ce train,
dans l’immobile sommeil partagé, la solitude partagée, et le matin.
J’entends l’intime d’un autre – parle à sa femme, un enfant ?
Oui chéri(e), oui tout va bien, peu de retard finalement. Bien dormi ? Ne tarde pas, c’est bientôt l’heure, ton bus…
J’entends le rail, la roue qui grince, l’essieu, la suspension,
tout ce qui passe, défile sous mes pieds.
J’entends l’annonce - la vitesse, ou le retard, le bar qui ouvre, va fermer.
J’ai déclenché dans le sommeil, dans la vitesse, dans le partage.
Les arbres, le train, les gens, tout est rentré dans la photo,
tout s’est tassé, accumulé pour faire l’histoire, l’impression.
"Vitesse"
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aperçu du livre artistique